Se relier au monde….
Il faut fondamentalement nous relier à la terre, à notre situation de travail réelle. Alors, les situations vont nous dire assez brutalement: « Je te rejette » ou « Je t’accepte ». Dans tous les deux cas, c’est douloureux.
La douleur vient du fait qu’il faut que nous traitions avec toutes sortes de choses auxquelles nous ne voulons pas réellement nous relier. Nous préférerions qu’elles se relient à nous plutôt que d’avoir à nous ouvrir à elles. Car nous préférons rester à l’intérieur de notre abri; nous voulons garder intacte la coquille de notre égo. Dès que la situation exige de sortir de la coquille et de communiquer, cela devient trop compliqué pour nous.
D’un côté, un égo simple peut se transformer en sagesse. Il est sagesse. L’égo a une conscience instinctive, basique, de ceci et cela. Toutefois, l’égo simple a aussi tendance à dire davantage « je », et cela va de pair avec l’agression. Il semble qu’un bébé n’ait même pas le sens de « ceci et cela ». Le bébé ne sait même pas qu’il a faim. Toutefois, il ne se sent pas en sécurité, c’est instinctif. La faim est associée à la perte et à la mort tandis qu’être nourri est associé au gain, à la survie. C’est assez simple, mais nous avons tendance à rendre les choses bien plus compliquées. Nous en arrivons à avoir des concepts très figés: la douleur comme étant la douleur, le plaisir comme étant le plaisir. Nous nous forgeons des idées conceptuelles, précises et limitées, de la douleur et du plaisir. Nous sommes incapables de garder la qualité enfantine.
Chögyam Trungpa « Argent, sexe et travail – S’éveiller à la vie réelle » éd. Seuil p.222-223
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