De la manifestation de la peur, de l’anxiété …

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 La peur, l’anxiété, l’affectivité, sont les manifestations d’un moi objectivé, d’un soi personnalisé. Ce dernier se considère libre dans son action, sa volition, et est soumis dans ses actes à la loi des opposés: amour-haine, blanc-noir, etc., et l’acteur est obligé de recueillir les fruits de son action.

 

Si nous nous plaçons très souvent dans le soi impersonnel, nous ne retrouverons plus ces anciens schémas. Du point de vue du soi impersonnel, il ne peut y avoir affectivité, peur, anxiété.

Dans l’expérience du soi, l’ultime accomplissement se produit. Du point de vue du soi, conscience intuitive, il n’y a pas de différence entre le « je suis », l’entourage, et le monde. Le soi est l’autre. Le soi est au singulier, il n’y a pas plusieurs soi. …

Si nous vivons du point de vue du Soi, il n’y a pas de conflit. Le conflit surgit quand nous occupons un moi, une entité indépendante, ce qui est déjà un conflit. Cesser de penser devrait être cesser de penser comme un moi-même, une personnalité. Vivre intégralement signifierait: vivre d’une façon impersonnelle, sans résultat, sans moins ni plus.

L’enchaînement éprouvé est seulement apparent. Si l’on se demande du point de vue du Soi qui est enchaîné, le qui est inexistant, c’est un concept, une idée, nul n’est enchaîné ni à libérer.

Adopter des disciplines, des techniques, se fait en vue d’une extension, d’une dilatation du moi pour se fabriquer une personnalité, pour se distinguer de son entourage et entrer en compétition. Je ne pourrai jamais trouver ce que je suis, sujet-soi, au moyen d’une objectivation de moi-même, en faisant du soi un objet.

Pour que cette habitude de la projection nous quitte, laissons vivre cette image illusoire à laquelle nous sommes identifiés. Nous avons besoin de le voir très clairement, sur le vif. Très clairement veut dire sans la moindre fuite ou justification, sans vouloir changer ni défaire. Il faut l’avoir pleinement accepté, s’accepter. Si nous voyons ce mécanisme ainsi, en cours de route, aussi souvent que cela s’impose à nous, tôt ou tard cette image devient une forme vide jusqu’à sa disparition définitive. Le sujet-objet se résorbera dans le sujet-soi. Cette dépersonnalisation nous amène spontanément à être ce que nous sommes.

L’ultime percipient est toujours intemporel: comment pourrait-il autrement observer ce qui est changement ? Nous sommes l’intemporalité, seul ce que notre corps, nos sens, notre psychisme nous communiquent est temporel.

Jean Klein  « Être, Approches de la non dualité » éd. Almora p.25

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