De la conscience panoramique …
Il y a deux types de pensée positive. L’une consiste à se dire que tout ira bien dans le futur, ce qui est fondé sur la panique et dénote un souci de sécurité. L’autre consiste à vivre non dans le futur mais dans le présent. On apprécie toute la richesse dans le présent.
Ce positif-ci n’essaye pas de rejeter le négatif. Le seul fait de percevoir le négatif est une vision du positif. C’est pour cela que l’on parle de conscience panoramique, qui est la pensée positive fondamentale. On pourrait dire que se relier à cette conscience panoramique est une manière de se libérer de la réaction en chaîne du karma, fondée sur l’espoir et la peur. Le karma est une réaction en chaîne qui se fonde, d’un côté, sur la panique ou l’incertitude, ou bien sur une réaction en chaîne de bonté, dans le sens plus limité, partial, du bien opposé au mal. La « positivité » de cette conscience panoramique est reposante. Elle ouvre la situation et introduit de l’espace et un état d’être méditatif. …
Il ne s’agit pas là d’une possibilité naïve, comme on dirait « Tout va bien » pour signifier que tout va bien mais parce qu’on est sur la défensive. Vous êtes sur la défensive et vous vous dîtes: « Garde le sourire » et encore « Je suis heureux », et vous essayez d’y croire. La conscience panoramique consiste plutôt à réaliser que tout est sain, que tout va bien, mais sans en faire toute une histoire. La compréhension fondamentale à laquelle ouvre la conscience en éveil n’implique pas d’avoir à se défendre, d’avoir à se prouver quoi que ce soit. Il s’agit plutôt de croire en la situation, d’avoir foi en elle et de la voir telle qu’elle est.
Chögyam Trungpa « Argent, sexe et travail – s’éveiller à la vie réelle » éd.Seuil p.265-267